La Qalâa des Béni Hammad - Région de Maadid.


La Qalâa des Beni-Hammad, qui a joué le rôle de Capitale Berbère du Maghreb Central durant le 11-ème sièclea été fondée en 397 - 398 h (1007 - 1008) par le Sultan Hammad, fils de Bologhine ibn Ziri, de son nom complet Abou al-Foutouh Saïf ad-Dawla Bologhine ibn Ziri ibn Menad as-Sanhadji (fondateur d'Alger), de la grande tribu berbère des Sanhadja

La Qalâa est située à une centaine de kilomètres au sud de Bejaia et une vingtaine de kilomètres au nord-est de Msilasur le versant Sud du Djebel Maadid, à la limite Nord des immenses plaines de la HodnaElle est entourée au nord par le djebel Takerboust (Guerboussa ou Gribissa) qui culmine à 1 458 mètres, à l'ouest par le mont Gorayn (1 190 mètres), à l'est par la vallée de l'oued Fredj dont les gorges constituent un rempart naturel.

Divers Edifices Composants le Site : Qalâa des Béni Hammad.


Le lieu est déjà habité par les Berbères et les Romains. Le chroniqueurs arabes Ibn Hammad signale que le site s'appelait château de Kiana mais aussi fort du Miroir. Il servait de refuge à Abu Yazid (« l'homme à l'âne ») dans sa révolte contre le calife fatimides Al-Qaim et Al-Mansur.

Le site est classé patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1980

La Néréide : Kalaa Beni Hammad : Fin 4ème siècle.



Historique : 

. L’émir ziride al-Mansûr, fils de Bulukkîn, gouvernant depuis Kairouan au nom du calife fatimide, confia à ses oncles le contrôle du Maghreb central. L’un de ceux-ci, Hammâd, décida d’y bâtir une capitale qui devint la Qalâa des Béni Hammâd. Durant son règne, Hammad ibn Bologhine engagea de grands projets de construction. Il s'empresse de fortifier la Qalâa, et, de la peupler avec les habitants de Msila et de Hamza (Bouira) après avoir détruit leurs villes, ainsi que des Djerawa

Mas Latrie, se basant sur des documents conservés dans les archives du Mont-Cassin, nous parle des premiers occupants de la Qalâa : «Les princes hammadites accueillirent, à une époque vraisemblablement assez voisine de la fondation de la Qalâa, une colonie nombreuse de chrétiens berbères parmi les tribus qui vinrent peupler leur première capitale et qui continuèrent à l'habiter longtemps après la fondation de Bougie. ».  D'après Ibn Hammad, ce serait un esclave chrétien du nom de Bouniache qui aurait construit une partie des fortifications de la ville

Le mur d'enceinte, entièrement en pierres, d'une épaisseur variant de 1 m. 20 à 1 m. 60, avait un développement d'environ 7 kilomètres. Il suivait assez fidèlement les accidents du sol et englobait les hauteurs qui dominaient la ville, entre autres le piton de Takerbous (arçon de la selle) situé à une altitude d 1.458 mètres. On entrait dans la ville par trois grandes portes: Bab El Aqwas au nord, Bab Djenan à l'ouest et Bab Djeraoua au sud. 

. Neuf ans après la fondation de la Qalâa, Hammad ibn Bologhine se révolte contre son neveu Badis qui veut le dessaisir de trois provinces du Constantinois. Karama, frère de Badis, attaque la Qalâa et la détruit en partie. Badis lui-même est, après un siège de six mois, sur le point de s'en emparer quand il meurt le 9 mai 1016. Les troupes zirides quittent alors la Qalâa. Hammad fait plus tard la paix avec le fils et successeur de Badis, Al-Muizz, qui doit se résigner au fait accompli (1017). Le mariage de Abdallah, fils de Hammad, et d'Oum al-Ulu, sœur d'Al-Muizz, marque l'alliance des deux princes.

. Devenue la capitale des berbères hammadides, la ville constitue alors l'une des plus florissantes d'Afrique du Nord. Selon Ibn Khaldoun, « La Qal'a atteignit bientôt une haute prospérité; sa population s'accrut rapidement et les artisans ainsi que les étudiants s'y rendaient en foule des pays les plus éloignés et des extrémités de l'empire. Cette affluence de voyageurs eut pour cause les grandes ressources que la nouvelle capitale offrait à ceux qui cultivaient les sciences, le commerce et les arts ». 

. Après le mort de Hammad en 1028, la Qalâa est embellie au long des règnes de ses successeurs, Al-Qaid (1029-1054), Muhsin (1054-1055), Bologhine (1055-1062), Al-Nasir (1062-1082), Al-Mansur (1088-1104). D'après des vers d'Ibn Hammad que cite Ibn al-Khatib, « Al-Nasir embellit la Grande Mosquée de la Qal'a et fit bâtir à proximité de la cité plusieurs châteaux : le palais des Deux Mariées, le palais de Ballara qui porte le nom de la princesse ziride que le prince hammadite épousa en 1077, le palais du Califat et le palais de l'Étoile »

Grande Mosquée de la Qalâa. 


Palais du Lac.


Palais El Manar.


Après l'invasion des hilaliens, la ville accueille les habitants ruinés de Kairouan et les négociants orientaux, à qui elle doit, vers 1065, un développement inattendu. La ville surnommée "Abou Tawil :  ابو طويل" par Al-Bakri (mort en 1094) est décrite ainsi « un centre de commerce qui attire les caravanes de l'Irak, du Hidjaz, de l'Égypte, de la Syrie et de toutes les parties du Maghreb »


El Nacir quitta la Kalaa en 1069 pour vivre à Bougie qu'il venait de fonder. EI-Mansour, son successeur, monta sur le trône en 1089 et transporta immédiatement sa capitale à Bougie. « Après avoir érigé à la Kalaa, dit Ibn Khaldoun , le palais du Gouvernement, le palais du Fanal (ou EI Ménar), le palais de l'Étoile et le palais du Salut, il construisit à Bougie ceux de la Perle et d'Amimoun. »

En 1148, Yahia, qui résidait à Bougie, se rendit à la Qalâa, dont il enleva tous les objets de valeur. 

Tesselles de Céramique. Kalaa Benou Hamad M'sila. Période Hammadide.


En 1152 la Qalâa fut détruite de fond en comble par Abd-el-Moumèn. Elle ne se releva jamais de ses ruines.

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