Bou-Sâada, la ville Poète.
Bou Saâda est l’un des centres névralgiques de ce chant que l’on appelle saharien et auquel le grand Khelifi Ahmed a donné toutes ses lettres de noblesse. Elle fut comme toute cette zone du Hodna, un vivier d’authentiques poètes, souvent chantés justement dans le "ayieye", comme Cheikh Smati, poète de Sidi Khaled, ou Bachir Meftah, le chantre du Hodna, qui eu l’idée ingénieuse de traduire en arabe les Fables de La Fontaine et autres œuvres universelles.
Citations.
« Si le paradis était le ciel, il serait au dessus de Bou-Sâada, et s'il était sur terre, ce serait à Bou-Sâada », E. Dinet.
« Bou-Saada, la reine fauve vêtue de ses jardins obscurs et gardée par ses collines violettes, dort, voluptueuse, au bord escarpé de l’oued où l’eau bruisse sur les cailloux blancs et roses. Penchés comme en une nonchalance de rêve sur les petits murs terreux, les amandiers pleurent leurs larmes blanches sous la caresse du vent… Leur parfum doux plane dans la tiédeur molle de l’air, évoquant une mélancolie charmante… » Isabelle Eberhardt, Pleurs d’amandiers (1903).
« Ses paysages aussi envoûtants que variés : palmeraie foisonnante émergée du désert, médina étagée, montagnes imposantes au nord, à l’ouest et au sud, sa lumière : quasiment du lever au coucher du soleil, douze mois sur douze, ses traditions locales, l’orgie de couleurs de sa palmeraie, font que Bou Saâda s’offre comme le cadre rêvé de l’artiste peintre », Youssef Nacib dans Cultures Oasiennes.
Bou Saâda, un Plateau Cinématographique à Ciel Ouvert.
Les caractéristiques naturelles de la ville, ainsi que les conditions culturelles et esthétiques ont fait de Bou-Sâada le berceau du cinéma algérien. Plusieurs cinéastes ont tourné leurs films sur ses lieux profitant ainsi des couleurs et la lumière éblouissante de la région.
Bou Saâda apparait, pour la première fois sur les écrans, en 1923, lors de la réalisation d’un documentaire de 7 minutes, en noir et blanc. C’était "Bou Saâda", du Français Ronnie Maroux. En 1934, Raymond Bernard pour "Tartarin de Tarascon", y a séjourné. En 1948, ce fut le tour de Christian Jaques qui a placé ses cameras, dans la région d’El Hamel pour le tournage "D’homme à homme". En 1949, une partie du film "Samson et Dalila" du réalisateur américain Cecil B. Demille est tournée à Bou Saâda. En 1964, elle sert de décor à certaines scènes du "Vendeur d’esclaves", une coproduction franco-italo-espagnole.
Bou-Sâada sert également de décors dans le western, "Trois pistolets contre César", coproduction italo- algérienne de l’Italien Enzo Peri et Moussa Haddad, ainsi que "Le vent du Sud" de Mohamed Slim Riad, sans oublier "Les vacances de l’inspecteur Tahar" de Moussa Haddad, "Chronique des années de braise", de Mohamed Lakhdar Hamina, qui a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes en 1975, "El Hadia", de Ghouti Bendeddouche, "La dernière image" de Lakhdar Hamina, "Le clandestin", "Colonel Lotfi" et plus récemment "Le puits" du réalisateur Lotfi Bouchouchi dans la région d’El Alik.
Extrait de Trois Pistolets pour César.
Bou- Sâada, Capitale de l'Orientalisme.
Cette mouvance littéraire et artistique fut initiée en France par l'évocation du monde ottoman dans Le Bourgeois gentil homme de Molière au XVIIe siècle. Cette tendance exotique fut présente en architecture, en musique, en peinture, en littérature, en poésie…, confondant les styles, les civilisations et les époques.
En Algérie, l’art a marqué les représentations de ceux que les colons nommaient “indigènes”. L’orientalisme en a nourri les clichés.
Parmi ces orientalistes,
. Guillaumet : Ce passionné par l’Algérie s’est surtout attaché à décrire la vie quotidienne de ses habitants. Dans Tisseuses à Bou-Saada, il représente trois jeunes filles en train de tisser de la laine dans la pénombre d’une pièce au sous-sol d’une habitation saharienne.
. Fromentin qui a sillonné l’Algérie dans l’idée de retracer la vie et les coutumes des tribus nomades. Dans Chasse au faucon en Algérie, la curée, il relate le moment où les chasseurs se regroupent pour récompenser les oiseaux de proie par un morceau de la bête qu’ils ont prise.
. Etienne Dinet, ce peintre lithographe qui a vécu une grande partie de sa vie en Algérie, est considéré comme l'un des principaux représentants de la peinture orientaliste au tournant des XIXe et XXe siècles. Il se fera appeler Nasre-Dine Dinet après s'être converti à l'islam.
"L’Aveugle et l’Insouciance de la Jeunesse" qui raconte l’histoire de deux générations à travers la même destinée…
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