Les Vestiges du Palais El Manar ou du Fanal.


Le palais du Manar domine tout fièrement les gorges de l'Oued Fredj. Il se reliait à droite et à gauche au mur d'enceinte dont il formait une sorte de bastion. Cet édifice construit en pierres assez grossièrement taillées, est d'inspiration purement asiatique et, s'il présente quelques ressemblances avec les palais siciliens, cela tient à ce que ces derniers ont subi les mêmes influences ou ont été plus ou moins copiés sur lui. 

On entrait de plain-pied dans le palais du Manar, par une porte située à l'Ouest, encadrée d'un chambranle en pierre avec inscription koufique. Le couloir d'entrée, formant un vestibule, communiquait avec une galerie qui faisait le tour de l'édifice à l'intérieur,  et donnait ensuite accès à la salle centrale. 

Ruines du Palais El Manar.


Pavé de Briques Rouges.



. Le Donjon, dernière tour à signaux du moyen âge musulman.

Le Donjon du Manar est un édifice carré de 22 mètres de côté, dont la partie supérieure est effondrée. Il se dresse sur un escarpement rocheux absolument inabordable. Cet édifice servait à la fois de fort et de tour à signaux. Sur sa plateforme supérieur se trouvait, comme dans beaucoup de postes de ce genre à la même époque un appareil  à miroirs pour les communications optiques du jour. Pendant la nuit, les signaux se faisaient à l'aide de feux disposés d'une façon convenue

La tour avait pour but de communiquer avec les forts avancés de la plaine de la Hodna. C'est de cette direction que venaient généralement les bandes ennemies. 


La Tour du Manar comprenait un sous-sol carré et voûté (qui servait de prison ou de magasin), n'ayant pour issue qu'une poterne donnant sur la vallée. Le petit couloir qui conduisait à cette poterne était composé d'un plafond en rondins de bois. Pour communiquer de l'intérieur avec cette pièce souterraine, il fallait prendre le chemin de ronde qui faisait le tour. La salle supérieure de 5 mètres de côté, cruciforme, devait être selon Georges Marçais recouverte d'une coupole.



. Historique des Fouilles Archéologiques au niveau du Palais El Manar.


. En 1897, Paul Blanchet effectua les premières prospections archéologiques à la Qalâa des Benī Ḥammād. Il donna une description des monuments de la Qalâa en insistant sur sa ressemblance avec ceux de la Sicile normande.

. Sur les conseils de l’architecte A. Saladin, le général de Beylié effectua les premières fouilles intéressantes et méthodiques de la Qalâa en 1908. Aidé de Georges Marçais et de quatre-vingts ouvriers, il fouilla durant trois mois les principaux monuments de la ville. Grâce à ce travail colossal, il put établir un plan de la ville et de ses murs, exhumer la Grande Mosquée, le donjon du Manār et un groupe de constructions englobant plusieurs palais, dont celui de Dār al-Baḥr. Les travaux du général de Beylié ont été suivis de la restauration du minaret de la Grande Mosquée et de celle du donjon du Manār en 1909.


. Lucien Golvin se décida à reprendre les fouilles archéologiques à la Qalâa en 1951. Elles furent suivies par une série de campagnes durant les années 1952-1956. Après cette dernière année, les campagnes de fouilles durent s’interrompre en raison de la guerre d’Algérie pour reprendre en 1960-1962. Au cours de cette longue période, L. Golvin réussit à mettre à jour le palais du Salām et le palais du Manār

Après une thèse supplémentaire soutenue à l’Université d’Alger sur ses recherches archéologiques à la Qalâa, L. Golvin publia ses travaux dans un ouvrage paru en 1957, intitulé Le Maghreb central à l’époque des Zirîdes, puis rassembla l’ensemble de ses fouilles dans un ouvrage intitulé Recherches archéologiques à la Qalʽa des Banû Hammâd.

. A partir de 1964, l’archéologue algérien Rachid Bourouiba, aidé parfois de quelques archéologues, réussit à exhumer la façade méridionale du palais du Manār et une partie de la façade occidentale ainsi que la Grande Mosquée où plusieurs pièces de monnaies Almohades furent découvertes. 


. En septembre 1968, R. Bourouiba, accompagné par Dokali, Hafiane et Taghelissia, dégagea les salles nord et sud du palais du Manār ainsi qu’une partie de la cour. Un petit oratoire situé dans le palais du Manār a été mis à jour par ce groupe et a été restauré par M. Bouyakoub

. En 1971, les archéologues dégagèrent la partie occidentale du palais du Manâr et mirent à jour la salle orientale du même palais. R. Bourouiba publia ses travaux à plusieurs reprises et sous diverses formes : rapports, articles et chapitres de livres. Il commença par l’édition du Rapport préliminaire sur la campagne de fouilles de septembre 1964 à la Qalâa des Banî Hammad, paru dans Bulletin d’Archéologie Algérienne en 1965, puis publia une série d’articles dans le même bulletin (1970-1974).

. Après quatre ans d’interruption des travaux archéologiques, M. Khelifa, aidé de Mataoui, Dahmani, Zerrouki et de deux archéologues tunisiens, Châabi et Adjabi, effectuèrent en 1975 une campagne de fouilles archéologiques. Pour ce faire, dix sondages furent pratiqués dans le palais du Dār al-Baḥr et de nombreux fragments de céramiques et d’autres objets ont pu être ainsi découverts et inventoriés. 

. Enfin, en 1987, un groupe de chercheurs polonais effectua une opération de prospection avec l’aide de quelques archéologues algériens. Cette mission s’acheva par la restauration de l’un des murs de la Qalâa.

Tous ces travaux archéologiques ont débouché sur l’inscription du site de la Qalâa des Banī Ḥammād au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980.

Sources : Qalʽa des Bani Ḥammād : Première capitale du royaume berbère des Hammadides (XIe siècle). Djamil Aissani et Allaoua Amara.

Vue sur les Vallées de la Hodna.



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